Les soupes de légumes-fruits

Les soupes de légumes-fruits sont très anciennes en Amérique, d’où les légumes-fruits les plus connus sont originaires. La courge, la tomate, le poivron et le piment ont généré des centaines de recettes de sauce et de soupe, dans tous les pays du monde où les Autochtones, puis les Espagnols et les Portugais les ont transplantés.

Les Iroquoiens du Saint-Laurent, les Hurons, les Iroquois et les Abénaquis  faisaient tous des soupes avec leurs légumes-fruits comme les courges et la citrouille. Ces dernières avaient d’abord été cultivées au Pérou et en Bolivie, il y a 8 500 ans, et s’étaient répandues, par la suite, vers le sud du continent sud-américain et vers le nord, en Amérique centrale et au Mexique. Elles avaient pris ensuite le chemin du Mississippi  pour atteindre la région des Grands Lacs. En montant vers le nord, les plantes s’acclimataient à un climat plus froid. Ce sont les Hurons et les Iroquois qui les ont cultivées en premier alors qu’ils habitaient la région des Grands Lacs. Les Iroquoiens de la plaine du Saint-Laurent les ont cultivées à partir du XIVe siècle. Quant aux piments, ils auraient d’abord été cultivés dans la zone équatoriale de l’Amérique. Les archéologues font remonter leur domestication à 9 000 ans, avant aujourd’hui, du moins au Mexique. Ce sont les Portugais qui les ont transplantés ailleurs dans le monde. Les Espagnols ont aussi fait leur part en les diffusant,  surtout en Europe. Mais je n’ai jamais rencontré de témoignage que le piment était planté au Québec, par les autochtones locaux. Les voyageurs français, parcourant les rives du Golfe du Mexique, disaient cependant en avoir goûté qui était cultivé par les autochtones de la Floride jusqu’en Virginie. Le poivron doux à quatre lobes aurait été découvert à Panama par un pirate anglais nommé Water. Ce dernier l’aurait apporté en Nouvelle-Angleterre, au XVIIIe siècle. Les premiers poivrons verts du Québec auraient été plantés par les colons américains du Massachussetts venus fonder l’agglomération de Hull-Ottawa, vers 1825. Le légume en question s’est particulièrement rendu présent à l’arrivée des immigrants d’Europe du Sud, à la fin du XIXe siècle. Quant à la fameuse tomate avec laquelle on fait le plus de variétés de soupes, elle est originaire des Andes, précisément entre l’Équateur et le nord du Chili. Ce sont les autochtones locaux qui les ont sélectionnées et fait grossir car, à l’origine, la tomate était pas plus grosse qu’une cerise, comme nos tomates-cerises actuelles. Plusieurs variétés étaient même poison. Puis la tomate s’est aussi propagée vers l’Amérique centrale où elle est devenue le légume-fruit préféré des Aztèques. C’est là que les Espagnols y auraient gouté en sauce, à Mexico, en 1519.

Les Espagnols ramenèrent donc la tomate en Espagne et à Naples qui était une colonie espagnole, à cette époque. On connait, aujourd’hui, l’importance de la tomate dans les cuisines italienne et espagnole. Mais malgré ce qu’on pourrait penser, au Québec, ce ne sont pas les Italiens qui ont apporté la tomate chez nous, mais les Américains, entre 1825 et 1850. Eux les connaissaient par les Mexicains établis au sud de leur frontière. Nos recettes de soupe aux tomates expriment toutes leur origine : celle aux vermicelles nous vient des Italiens; celle avec du lait nous vient des Américains.

Voir nos soupes aux légumes-fruits pour parcourir cette partie importante de notre patrimoine culinaire.