C’est le temps pour moi, de passer la rondelle!

Je vous l’avais annoncé, je termine aujourd’hui, le projet que j’avais de résumer l’histoire de notre cuisine à l’aide de textes historiques et de recettes-exemples. Mon ami Denis prend la relève et s’occupera désormais de la gestion du site. Je continuerai de l’alimenter de recettes et de textes que je donnerai à Denis, de temps en temps. Mais mon travail des prochains mois sera consacré à la rédaction de textes pour un livre-synthèse de la culture culinaire québécoise, en collaboration avec Élisabeth Cardin, copropriétaire du restaurant Manitoba et son chef actuel, Simon Mathis. Le livre sera publié par les Éditions Cardinal et devrait sortir au printemps 2020.

Je profite donc de l’occasion pour vous remercier de votre assiduité et de votre ouverture pour ma recherche et mes propos. Lorsque j’ai commencé à travailler à temps plein sur ce projet, en juillet 2000, je ne savais pas le nombre d’heures et de personnes qu’il me faudrait rencontrer pour être fidèle à notre histoire culinaire. Comme tout le monde, j’avais des préjugés et une vue courte de plusieurs problématiques. La recherche s’est avérée beaucoup plus complexe que je ne l’avais imaginée, au début.

Je voulais rendre compte de la cuisine de ma région natale, au point de départ, pour réaliser en peu de temps que la cuisine du Saguenay-Lac-Saint-Jean était plus familiale que régionale et qu’elle était issue de sources ethniques multiples et très anciennes. À part certains plats dit communs, je me suis rendu vite compte que les recettes n’étaient pas les mêmes d’une famille à l’autre, mais qu’on se les transmettait de génération en génération, peu importe les endroits où nos descendants s’installaient. Cette découverte m’amena à vérifier ce phénomène partout au Québec où j’ai fini par découvrir la confirmation de cette donnée après avoir lu et colligé autour de 35 000 recettes. La collection de mes livres publiés chez GID, de 2008 à 2013, m’a permis de donner un portrait fidèle de la cuisine familiale québécoise en expliquant l’origine de ces recettes, de nos types de plat préférés, de nos aliments préférés et la relation entre les paysages régionaux et les cultures culinaires qui s’y sont installées, depuis l’arrivée de l’homme dans le territoire québécois. Ce site web fut ajouté pour rejoindre un public qui n’avait pas le temps de lire mes livres, mais qui s’intéressait au sujet. Il met aussi à jour l’information donnée dans mes livres. Certaines de ces informations se sont avérées fausses, avec le temps, car mes informations et mes sources se sont avérées contredites par d’autres archéologues ou d’autres historiens. Heureusement, on peut facilement corriger ces faussetés sur le web, mais on ne peut malheureusement pas le faire avec les livres. Mes successeurs feront les corrections nécessaires, au fil du temps, sur ce site.

Merci encore de vous intéresser à notre identité culinaire. Notre cuisine raconte qui nous sommes, d’où nous venons. Elle nous guide aussi dans la construction de notre future identité collective. 

Je vous souhaite de beaux moments, de belles retrouvailles pour ce temps des Fêtes qui approchent. Dans les mots retrouvailleréjouissanceréconfort, il y a le radical « re ». Ce « re » nous lie au passé, au connu, à quelque chose de chaud et de lumineux comme le solstice nous le rappelle. 

Fêter Noël, c’est fêter les petites lumières, dans la nuit et le froid de nos vies!

Un gros sapin plein de petites lumières pour chacun de vous!

Michel Lambert, historien de la cuisine familiale du Québec